Le concept de design organique est inauguré en architecture par Charles Rennie Mackintosh et Frank Lloyd Wright. C’est une approche globale (Gesamtkunstwerke) et conviviale du design, qui cherche à restituer l’esprit de la nature. L’adéquation visuelle et fonctionnelle entre les éléments individuels, entre mobilier intérieur et architecture extérieure, et entre architecture extérieure et environnement naturel, est primordiale. Ce style se traduit donc initialement par la cohérence globale et l’esprit naturaliste.
Frank Lloyd Wright est surtout connu pour le musée Guggenheim à New York et pour ses maisons novatrices. Wright estimait que la conception d’une maison dépassait le bâtiment lui-même, il produisait un ensemble artistique unique et cohérent, puisque chaque objet avait été conçu pour un endroit particulier, un concept que Wright baptisa « l’architecture organique ».

Dès le début des années 1930, Alvar Aalto se met à utiliser des formes organiques, avec des courbes douces et fluides qui s’opposent au formalisme géométrique rigide du Style International. Aalto considérait le bois comme « le matériau inspirateur de forme, profondément humain », et rejetait les matériaux industriels aliénants. Son succès fut si grand qu’on le considère comme le principal responsable de l’évolution du design vers le Modernisme organique. On identifie à ce style d’autres architectes comme Eero Saarinen et son terminal de la TWA, ou Charles et Ray Eames et leurs chaises en contreplaqué moulé. Cette forme de modernisme plus douce, plus futuriste s’est traduite à travers le monde par un retour aux matériaux et techniques traditionnelles mais repris de façon moderne, tel le bois pâle, ou par l’exploitation de nouveaux matériaux comme le plastique dans des couleurs vives ou le polystyrène.
Par exemple le designer britannique Robin Day développa dans les années 1960 la première chaise en polypropylène moulé par injection, faisant de cette chaise empilable une référence mondiale du mobilier, produite à plus de 14 millions d’exemplaires. L’italo-américain Harry Bertoia développa pour Knoll une ligne de fauteuils et chaises, combinant forme sculpturale moderne et couleur saisissante. Isamo Noguchi, de son côté, équilibra sa célèbre table basse avec des pieds en bois ajustés qui évoquaient les formes biomorphiques de l’art surréaliste. Ces réalisations variées s’inscrivent toutes dans le cadre du design organique.




La plus forte influence sur le design organique est venue de ce qu’on a appelé le « style scandinave ». Les entreprises et designers de Suède, Danemark, Finlande et Norvège se sont distingués par leur usage du bois naturel, des couleurs pâles et des formes arrondies. Ils devinrent mondialement célèbres au début des années 1950 avec le lancement du prix Lunning et l’exposition « Scandinavian Way of Living« . Ces designers et architectes profitaient des projets d’envergure, comme le terminal de l’aéroport de Copenhague d’Eero Saarinen, pour concevoir toute sorte de produits destinées à être commercialisés par les sociétés Artek, Iittala ou Orrefors.



On doit au finlandais Alvar Aalto des édifices modernistes lumineux, asymétriques et fonctionnels, comme le sanatorium de Paimio ou la bibliothèque Viipuri. La simplicité de ses chaises et tables, leur forme réduite à quelques éléments incurvés, leur confort et leur commodité seront une source d’inspiration pour le monde entier.


De son côté, le danois Arne Jacobsen réalisa le SAS Royal Hotel de Copenhague à la fin des années 1950. Les fauteuils Egg et Swan, conçus pour l’occasion devinrent instantanément des icônes du mobilier moderne, symboles d’élégance et de pureté, et offrant un confort parfait.

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P222 Charles et Ray Eames
P224 Meubles moulés
P218 Scandinavie et Italie
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P228
P234
P242 et 246
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Le Design organique a été à l’origine du Biomorphisme et a continué à avoir du succès après la seconde GM avec des designers comme Pierre Paulin ou Olivier Mourgue. Il opère un retour en force depuis les années 1990 grâce aux progrès réalisés dans la fabrication assistée par ordinateur. Des designers actuels comme Ross Lovegrove cherchent à inventer des objets organiques légers en recourant aux matériaux et technologies les plus avancés. C’est paradoxalement le plastique, matériau artificiel par excellence, qui est le plus utilisé, grâce à son aspect malléable et fonctionnel.