Histoire du Design

Partie 5 – A : La diffusion du modernisme à grande échelle (de 1945 à nos jours)

Après la Seconde Guerre Mondiale et l’austérité de l’après-guerre, la stabilité économique et la prospérité des années 50 à 70 ont favorisé la diffusion du design moderniste. Les logements plus grands, mieux équipés, l’essor du voyage ont fourni les conditions d’un essor de la demande pour des meubles de maison abordables. Du côté de l’offre, les plastiques moulés par injection et autre évolutions technologiques ont permis de produire en masse, rapidement, à bas prix.

Dans ce contexte, les sociétés d’ameublement ont eut un impact considérable sur les nouvelles tendances du design, privilégiant une approche éclectique où se côtoyaient des objets aux styles variés, et offrant des gammes luxueuses comme des produits accessibles. Les sociétés d’ameublement contribuèrent également à la diffusion de talents internationaux. Par exemple, en Italie, le groupe Gavina fondé par Dino Gavina rassemblait des designers japonais, latino-américains et européens, favorisant la diffusion de meubles innovants adaptés à des modes de vie variés.

Dino Gavina sera également à l’origine de la société Flos, fondée en 1962 avec Cesare Cassina. Flos fabriquera des luminaires avant-gardistes et collaborera avec des designers de renom, tels l’australien Marc Newson, le français Philippe Starck ou l’italien Achille Castiglioni. Ce dernier sera un designer moderniste prolifique de la seconde moitié du 20ème siècle. Ses créations minimalistes et intemporelles comme le fauteuil San Carlo ou le tabouret Mezzadro lui conférèrent un grand succès, et ses créations sont pour la plupart encore fabriquées de nos jours.

En Angleterre, l’entrepreneur et designer Terence Conran fonda en 1964 la société d’ameublement Habitat en ouvrant un premier magasin à Londres. Lignes simples, modernistes, couleurs légères et tissus sobres étaient la marque de fabrique des meubles proposés. Plus qu’un magasin, Habitat était un lieu de vie où les gens se donnaient rendez vous, écoutaient de la musique, mangeaient… Le succès fut immédiat et de nombreux magasins ouvrirent dans le Royaume-Uni, puis en Europe et dans le reste du monde.

En Europe, la société d’ameublement la plus influente sera Vitra, fondée en 1950 en Suisse par Willi et Erika Fehlbaum. Ils développeront des relations étroites avec des designers comme Charles et Ray Eames, Isamu Noguchi ou Geoerge Nelson, leur assurant les droits de production en Europe. Outre son activité d’édition de meubles, Vitra ouvrira son musée, le Vitra Design Museum, à Weil-am-Rhein en 1989, designé par Frank Gehry.

Il faut enfin dire un un mot des sociétés comme Muji ou Ikea. Muji, fondé en 1980 au Japon, se distingue par la création de produits génériques, sans nom de marque. Ses articles sont intelligement conçus, sans fioritures et à prix raisonnables. Ikko Tanaka lança Muji par une petite gamme de par une petite gamme de 40 produits, des fournitures de bureaux aux vêtements en passant par les ustensiles de cuisine. La marque compte aujourd’hui 7000 références et 1000 magasins à travers le monde. Ikea, fondé en Suède en 1943, se distingue par l’invention du meuble en kit, lancé en 1956. Synonyme de bas prix et de meubles compacts, la société s’est développée dans le monde au cours des années 1970 et fait aujourd’hui partie du paysage quotidien.

Certains arts spécifiques ont également été un terrain d’expérimentation pour le design dans la seconde moitié du 20ème siècle. C’est le cas de la porcelaine et de l’art de la céramique, qui permettaient d’exprimer des styles personnels. Artistes et designers expérimentèrent avec les couleurs, les motifs, les formes. Scandinaves et japonais furent particulièrement influents, cherchant l’inspiration dans leur tradition et culture propre. Le service Bersa de Stig Lindberg avec ses motifs de feuilles, ou l’influence de la matière brute dans les vases de Shoji Kamoda en témoignent.

Le verre artistique fut lui aussi un domaine d’expérimentation pour les designers. Le Studio Glass Movement se développa aux Etats-Unis puis en Europe, promouvant les couleurs vives et les expériences en matière de forme, de dimension et de texture. C’est encore la Scandinavie, déjà principal producteur de verrerie d’art, qui se distingua après-guerre avec une verrerie de table abordable aux teintes assorties. Les verriers tchécoslovaques furent eux aussi à la pointe de la recherche artistique, en multipliant les techniques de soufflage, meulage ou pressage dans leurs créations.

La publicité et la signalisation connurent également des changement esthétiques importants après-guerre. L’imprimé restait essentiel, et les formes devinrent plus créatives pour cibler les jeunes générations. Par exemple le système pictographique de Jock Kinneir et Margaret Calvert unifia la signalisation routière britannique en 1958. En France, Bernard Villemot était considéré comme le plus grand affichiste de son époque, travaillant pour Orangina, Perrier, Air France ou les Chemins de fer français.

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