Art history

18 Une période critique : l’Europe vers la fin du XVIème siècle 

Source : The Story of Art – Gombrich, E.H

En 1520, l’idée générale en Italie était que la peinture avait atteint l’apogée de la perfection : il ne semblait plus rien avoir à faire de neuf dans le domaine de l’art. L’art de cette époque fut désigné sous le nom de maniérisme : certains se sont acharnés à copier les manières de Michel-Ange, quitte à les situer dans des compositions où elles seraient hors de propos, d’autres cherchèrent à aller plus loin dans le sens de l’imagination, insérant dans leurs oeuvres une doctrine ésotérique intelligible aux seuls érudits. L’obsession des jeunes artistes à vouloir dépasser leurs ainés aboutit ainsi à des expériences bizarres et prétentieuses, cherchant à dérouter le public avec des originalités (à la manière de Michel-Ange à la fin de sa vie).

Il en résulta parfois des choses amusantes : fenêtre en forme de visage, la Vierge au long cou de Parmesan (qui cherchait à s’écarter de l’harmonie classique).  Cette recherche délibérée de la nouveauté et de l’inattendu fait des maniéristes les premiers artistes « modernes ». L’art moderne a en effet pu naitre du même besoin de s’écarter de la banalité et du désir de créer une harmonie différente de celle que la convention nous fait considérer comme naturelle.

D’autres artistes de l’époque n’ont pas renoncé à rivaliser avec ces maitres sur leur propre terrain. Les plus grands peintres de l’époque sont Tintoret (1518-1594) et Gréco : ils se sont détournés du rendu lisse et soigné de leurs ancêtres pour rechercher une sorte de dissymétrie, pour représenter de manière différente les thèmes traditionnels, ils se sont écartés des formes et des couleurs naturelles pour atteindre une vision dramatique et émouvante. Une génération plus tard, l’art de Gréco fut critiqué pour son usage peu naturel des couleurs et son manque de sérieux dans son oeuvre. Ce n’est que récemment qu’il fut réhabilité grâce aux artistes modernes qui ont habitué le public à ne pas juger sur un critère immuable.

Dans les pays du Nord, il y avait une crise profonde provoquée par la Réforme : les protestants n’admettaient pas les peintures ni les sculptures dans les Eglises ou la moindre décoration des habitations, il ne restait aux artistes que la ressource des portraits et l’illustration des livres ; on pouvait se demander si ces travaux suffiraient à les faire vivre.

Ainsi en Allemagne, le plus grand peintre de cette génération, Hans Holbein le Jeune (1497-1543) dût s’exiler vers l’Angleterre lors de la Réforme, pour devenir peintre de cour du Roi Henri VIII. S’il dût renoncer aux tableaux religieux, son travail essentiel consistait à peindre les portraits des personnages de la maison du Roi (tel le portrait de sir Richard Southwell). Grace au prestige donné par Hans Holbein, le portrait fut le seul genre de peinture à survivre lorsque la Réforme atteint l’Angleterre.

Aux Pays-Bas, l’art surmonta sans dommage la crise de la Réforme. Depuis Van Eyck, les artistes des Pays-Bas n’avaient pas leur pareil dans l’imitation de la nature. Ainsi lorsqu’ils ne purent plus produire de peinture religieuse, les artistes mirent leur savoir à représenter les scènes de la vie quotidienne auxquelles les protestants n’avaient rien à redire. C’est la naissance de la peinture de genre : chaque peintre s’attachant délibérément à un certain genre de sujets, le plus souvent empruntés à la vie quotidienne

Pierre Bruegel l’Ancien est le plus grand de ces peintres de genre du XVIème siècle flamand : son genre était les scènes de la vie paysanne. 

Source : The Story of Art – Gombrich, E.H

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