Source : The Story of Art – Gombrich, E.H
A cette époque, ce qui caractérise les peintres vénitiens est la considération de la couleur : les peintres médiévaux ne se préoccupaient pas de la couleur « vraie » (ils employaient les plus pures et précieuses : or brillant, bleu outremer), les peintres florentins privilégiaient la perspective et la composition à la couleur, mais les peintres vénitiens ont magnifié la couleur, la luminosité, l’atmosphère veloutée sur lesquelles ils fondèrent l’unité du tableau.
Les deux peintres les plus célèbres furent Giorgione (5 tableaux) et Titien. A l’opposé de leurs prédécesseurs, Giorgione et Titien n’ont pas dessiné séparément êtres et objets pour les disposer ensuite dans l’espace ; ils les ont envisagé comme un tout indivisible, le paysage et sa lumière ne sont plus un arrière plan, c’est le véritable sujet du tableau. C’est une révolution : la peinture n’est plus la simple adjonction de la couleur au dessin ; c’est un art nouveau à la recherche de ses propres lois. Titien sera le premier à ne plus représenter la Vierge au centre du tableau : l’harmonie sera trouvée par la couleur et la lumière qui créent une atmosphère assez puissante pour donner à l’oeuvre son unité.
Titien fut également un grand portraitiste. « Il libéra aussi la peinture des contraintes de la ligne et de la forme où elle était emprisonnée depuis le Moyen Âge finissant, et cela pour donner tout pouvoir à la couleur ».
Source : The Story of Art – Gombrich, E.H