Art history

23 Le Siècle des Lumières : France et Angleterre au XVIIIème siècle

Source : The Story of Art – Gombrich, E.H

Le baroque a atteint son apogée en Europe catholique autour de 1700. Les pays protestants ne pouvaient l’ignorer mais néanmoins ne s’y plièrent pas. Ainsi l’Angleterre et son plus grand architecte Sir Christopher Wren ont suivi un style bien plus sobre et réservé que le baroque : robustesse et stabilité à la place du mouvement, décoration intérieure sobre pour favoriser le recueillement…

De même dans l’architecture civile, les extravagances baroques étaient écartées, et l’on préférait construire une maison de campagne que des palais. Il y avait en réalité une ambition : celle de n’enfreindre aucune règle qui était considérée comme le « bon goût », c’est à dire s’en tenir aux règles de l’architecture classique, publiées par les architectes italiens de la Renaissance tels Andrea Palladio. Ainsi construire sa ville dans le style palladien était le dernier mot de l’élégance. On jugeait par exemple absurde et artificiel le jardin à la française avec ses perspectives et ses arbustes taillés. On a donc inventé en Angleterre, par William Kent, le jardin « paysager » à l’anglaise pour entourer les villas palladiennes. Ces jardins s’inspirèrent de la peinture de Claude Lorrain, ils devaient refléter les beautés de la nature, offrir de beaux coup d’oeil que pourrait capturer un peintre…

La situation des peintres en Angleterre n’était pas enviable de par l’hostilité puritaine à l’égard des images et du luxe. On ne commandait guère plus que des portraits à des artistes étrangers reconnus comme Holbein ou Van Dyck, dans un souci de collection. Un jeune Anglais, William Hogarth (1697-1764), réduit pour vivre à illustrer des livres, ne se satisfaisait pas de cette situation. Il chercha à créer un genre de peinture capable de toucher ses compatriotes puritains : ses tableaux célébraient les bons effets de la vertu et le châtiment du péché ; l’oeuvre se devait de transmettre une leçon morale, et se dérouler comme un sermon, ce qui n’est pas sans nous rappeler les missions de l’art médiéval… Grand peintre, il théorisa même ce qu’il estimait être la règle d’or de la beauté : une ligne sinueuse est toujours plus belle qu’une ligne anguleuse. Il n’eut toutefois qu’un succès relatif, n’arrivant pas à détourner ses contemporains de leur penchant pour la peinture ancienne. 

C’est une génération plus tard que naquit en Angleterre un peintre capable de satisfaire les aspirations de la société élégante : Sir Joshua Reynolds (1723-1792). Connaisseur de l’Italie, fidèle de la doctrine de Carrache (il n’y a de salut pour un artiste que dans l’étude attentive et dans l’imitation du meilleur de chacun de ces maitres, le dessin de Raphaël, le coloris de Titien). Homme cultivé, président de la Royal Academy, Reynolds savait que la seule peinture vraiment demandée de son époque était le portrait. Ainsi il peignit des portraits, en ajoutant sa touche susceptible de caractériser le personnage et son rôle social. Un autre peintre fameux fut Gainsborough (1727-1788) qu’on peut identifier à Caravage par son caractère autodidacte, son génie, son contact avec la nature, et son ignorance des grands maitres.

En France, au XVIIIème siècle, le faste de Versailles s’était effacé devant un goût plus délicat, plus intime, tel l’art de Watteau et le rococo. Ce siècle considérait les institutions anglaises comme exemplaires par les Européens épris de raison et l’art anglais n’avait pas été mis au service de gouvernants de droit divin : c’est à de simple mortels que s’adressaient Hogarth et consorts.

Ainsi en France, les peintres commencent à s’attacher à la vie quotidienne des gens qui les entourent, tels Jean-Baptiste Siméon Chardin (1699-1779) qui représentait des scènes paisibles de vie populaire. Le portrait a bénéficié de ces nouvelles considérations, avec par exemple le sculpteur Jean Antoine Houdon (1741-1828). Existait aussi en France le gout de la nature sous son aspect pittoresque représenté par Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) qui s’est révélé un maitre dans le dessin de paysage.

Source : The Story of Art – Gombrich, E.H

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